Il y a quelques jours, Bernard Crutzen nous adressait un court message qui mérite de s’y arrêter un moment :

Un peu de courage, que diable !
Bonjour,
Vous seriez plus crédibles si vous annonciez qui est à l’initiative de ce site, qui sont les auteurs des articles (hors pseudos) et comment vous pouvez passer autant de temps à débunker sans être financés (?) 

Vous seriez plus crédibles si…

Ah la crédibilité ! Le Nobel de médecine nous assure-t-il à jamais de la crédibilité du Prof Montagnier ? Les votes en faveur de D. Trump lui offrent-ils la moindre crédibilité ? Le diplôme de médecine du Dr L de Benito (mentionné dans le film) lui vaut-il notre crédit?

Crédibilité, croire, crédule, crédit… ont la même origine latine et renvoient à la confiance.

Tout d’abord celle accordée à quelqu’un que l’on connaît, elle est alors basée sur l’expérience et croît ou décline avec le temps.

Mais le credo peut aussi reposer sur une figure d’autorité incarnée ou imaginaire. La plupart du temps, cette foi vient colmater l’angoisse devant l’inconnu (mon papa sait tout), la mort (la vie éternelle vous attend), etc. Car le doute est particulièrement difficile à supporter.

Concomitamment au tournage de « Ceci n’est pas un complot », Étienne Klein, philosophe des sciences, publiait un texte bref dont on ne saurait que recommander la lecture : Le goût du vrai (1). Il y explique notamment fort bien la notion d’ultracrepidarianisme qui amène un grand nombre de personnes à avoir un avis sur des choses que les scientifiques ne savent pas encore. Et parfois, elles vont tout faire pour nous en convaincre. Ce qui nous ramène à la religion : quand on cherche la présence de Dieu, on la trouve toujours. Mais entre rationalité et foi, il y a lieu de choisir…

 

Comment passer autant de temps… sans être financés ?

Cet étonnement viendrait-il signer qu’il est difficile d’imaginer quelques citoyens travaillant de manière bénévole et suivant l’invitation d’Étienne Klein, encore : « pour ce qu’il est des questions relatives à la vérité (…) je pense que notre démocratie pour garder sa vivacité a besoin que les gens modérés s’engagent passionnément ». Une passion, pas très coûteuse, si ce n’est en temps, effectivement.

Notre étonnement à nous viendrait plutôt de trouver dans ce film autant de matière à débunker. Comme on peut le constater, attentifs à l’exactitude et la contextualisation des faits, nous veillons, à chaque fois, sourcer avec précision.

Nous ne cherchons donc pas sous la forme d’une quelconque figure d’autorité à avoir le moindre crédit. Justement et au contraire nous invitons chacun à faire preuve de doute, à creuser les vérités qu’on lui assène et, si ici nous nous trompions, à nous le dire afin que nous le corrigions sans retard.

Nous continuons de croire que décortiquer ce film est un excellent exercice d’éducation aux médias.

Veehem

(1) Étienne Klein – Le goût du vrai – Gallimard – Coll Tracts n°17