Nous allons évoquer ici d’une des scènes les plus emblématiques de «Ceci n’est pas un complot». En nous intéressant à ce film, nous avons vu sur le web de nombreux commentaires au sujet de cette scène, comme si elle illustrait au mieux le sujet du film, à savoir la manipulation de l’opinion publique par les « médias mainstream ». Le sujet est particulièrement délicat, car il s’agit d’un fait divers tragique, la mort d’un enfant.

34:55 – Réalisateur:  24 juillet, j’assiste à une conférence de presse organisée par Sciensano. Ce jour là, il y a peu de journalistes dans la salle. Le pic de l’épidémie est passé, le public commence à se lasser des informations liées au coronavirus.
Baudewijn Catry (Sciensano): Je dois malheureusement vous faire part d’une triste nouvelle aujourd’hui: un enfant de trois ans est décédé des suites d’une infection au Covid-19. En espérant que cette triste nouvelle nous serve de prise de conscience…

Réalisateur: Quelques minutes plus tard l’info est relayée par les médias. Les gros titres sont sans nuance. J’ai rencontré le papa de cet enfant sur son lieu de travail.
Le papa: Quand j’ai vu les médias dire que cet enfant est décédé du Covid, je ne l’ai pas accepté. C’est le covid qui l’a accompagné mais à la base, elle était déjà atteinte d’une maladie neuromusculaire, elle avait déjà des problèmes de respiration et tout ce qui s’en suit et le covid est venu accompagner. Et je n’étais pas d’accord parce que les médias ont dit « C’est le covid » (…)

Que nous raconte le réalisateur ?

Prenons un instant et tâchons de résumer cette séquence, comme si nous la racontions à un tiers, cela donnerait par exemple: 

24 juillet 2020. Calme plat au niveau de l’épidémie. Une conférence de presse de Sciensano. Une annonce dramatique. La mort d’une fillette de 3 ans liée au Covid.
Mais on se garde bien d’informer le public que cette fillette souffrait de comorbidités graves et que le Covid n’aura fait, au pire, que de l’achever. Et les médias reprennent sans nuance la version officielle, sans mentionner les comorbidités..
Le réalisateur de « Ceci n’est pas un Complot » fait son travail de journaliste, il enquête, rencontre le père et révèle ainsi ce que ni les « médias mainstream » ni les organismes officiels n’ont voulu dire au public.
Tout ceci ressemble donc à une manipulation de l’information destinée à faire peur à la population.

Comme mentionné plus haut, cette séquence a été largement commentée et, si nous cherchons sur le web, nombre commentaires correspondent plus ou moins à ce résumé.

1. La conférence de presse de Sciensano

La conférence de presse peut être visionnée ici (en français, à partir de 12:05). Baudewijn Catry semble préoccupé tant par la situation générale que par cette nouvelle.

Lisons-le sans coupure: Je dois malheureusement vous faire part d’une triste nouvelle aujourd’hui: un enfant de trois ans est décédé des suites d’une infection au Covid-19. [ Cette nouvelle nous touche tous profondément que ce soit en tant que scientifiques ou en tant que parent. Je profite de ce moment pour exprimer mes plus sincères condoléances à la famille. Malheureusement d’autres décès sont à dénombrer . En moyenne trois personnes décèdent chaque jour, y compris récemment une personne de 18 ans. ] En espérant que cette triste nouvelle nous serve de prise de conscience. [Il est en effet rare qu’une jeune personne décède du covid-19, mais il est clair que personne n’est immunisé. On ne peut pas nier la présence du covid-19 parmi nous. Que la perte de ces deux jeunes et des 9.810 autres victimes nous ramène les pieds sur terre]

En comparant la scène telle que présentée dans le film, nous constatons que le passage où il est précisé que les décès des jeunes personnes sont rares a été coupé (« Il est en effet rare qu’une jeune personne décède du covid-19»). Rappeler la rareté de tels événements n’est pourtant pas un détail dans ce contexte et c’est déjà de nature à changer la perception que nous pouvons avoir de ce récit.

On notera également que bien d’autres thèmes sont traités dans cette conférence de presse, notamment la crainte d’une 2ème vague, annoncée par les experts. Nous pouvons nous interroger : les experts avaient-ils oui ou non raison de mettre en garde la population belge sur la probabilité d’une 2ème vague ? Le réalisateur ne s’y intéresse pas.

Le traitement par les médias : «Ce qu’ils disent, comment ils le disent, et ce qu’ils taisent»

Vérifions maintenant ce qu’il s’est vraiment dit et écrit à l’époque des faits dans les « médias mainstream ». Le réalisateur nous a proposé un choix de titres. Il en est d’autres:

 

 

Nous voyons là de gros titres, issus de 3 grands médias belges (RTL, L’Avenir et DH Sports), tous datés du 24 ou du 25 juillet. Comme quoi, il y a bien des manières de présenter la réalité…

Soyons clairs, ce que nous reprenons ici n’est pas représentatif de ce qui a été diffusé dans les médias à l’époque… Du moins pas plus représentatif que ce que le réalisateur nous montre dans son film. Le lecteur habitué aux théories du complot aura souvent remarqué une thématique, celle des «médias mainstream» qui tous taisent telle information et qui tous déforment telle autre information. Et ce serait indispensable pour mener à bien « une manipulation de l’information destinée à faire peur à la population», pour reprendre les propos du réalisateur.

Or, nous pouvons constater que l’existence de comorbidités chez cette petite fille avait bien été mentionnée, et pas seulement en petit caractère dans quelque obscur média spécialisé, mais bien dans certains « médias mainstream ». Tous n’ont pas procédé de la sorte, nous y reviendrons.

Reprenons maintenant quelques uns des exemples de gros titres montrés dans le film.

LCI, chaîne française. Nous lisons «Coronavirus : une enfant de 3 ans décède en Belgique, la plus jeune victime du pays.» Nous entendons le commentaire : «Les gros titres sont sans nuance». Dans ce cas c’est vrai : le gros titre est sans nuance…

… mai le réalisateur ne parle pas des sous-titres. On y lit pourtant «l’enfant présentait plusieurs pathologies associées.» L’information figure dans l’article lui-même, ainsi que la précision selon laquelle les décès chez les jeunes étaient «rares». Remarquons au passage la manière dont le réalisateur a coupé la capture écran de l’article en question:

   

La Tribune de Genève  titre  «Belgique : «Une fillette de 3 ans décède du Covid-19». Aucune mention des comorbidités dans les sous-titres. En revanche l’article débute ainsi : «Une fillette de 3 ans est morte des suites du Covid-19 il y a quelques jours en Belgique, ont annoncé vendredi les autorités sanitaires belges, précisant que l’enfant présentait plusieurs pathologies associées.» Et on y rappelle aussi que les décès chez les jeunes étaient «rares».

Cette même Tribune de Genève a publié le lendemain un article intitulé «Coronavirus – La Belgique envisage de durcir davantage ses mesures». Pas d’allusion à la mort de cet enfant dans le titre ni dans le sous-titre. Il y en revanche un rappel dans l’article lui-même : «Le décès d’une fillette de trois ans, la plus jeune victime dans le pays, a été annoncé vendredi. L’enfant présentait plusieurs pathologies associées

La Meuse titre  «Coronavirus en Belgique : un enfant de 3 ans est décédé.» Effectivement, dans ce cas on peut dire que «le gros titre est sans nuance».

Sauf que Le Meuse publie un autre article le lendemain : «Une fillette de 3 ans décède du coronavirus à Bruxelles: son papa témoigne». L’article est payant. En voici un extrait :
« Mon enfant souffrait d’une maladie à risque, elle était atteinte d’amyotrophie spinale (SMA), une maladie neuromusculaire d’origine génétique, donc, elle était soignée avec des médicaments, elle avait des injections tous les quatre mois grâce auxquelles elle commençait à faire des mouvements, mais, bien sûr, elle ne parlait pas, elle ne mangeait pas, elle était nourrie par une sonde, et ainsi de suite.
C’est le coronavirus qui l’a accompagnée, mais pas le coronavirus qui l’a tuée. Il ne faut pas effrayer le monde pour rien. C’est beaucoup de show tout ça. Le coronavirus, c’est dangereux pour les personnes à risque, les personnes âgées, les personnes avec une déficience immunitaire, je n’en discute pas, mais, pour les personnes qui sont en bonne santé, croyez-moi, c’est surmontable, c’est comme une grippe ».

Nous n’allons pas débattre ici du fond du propos de ce père. Il ne s’agit pas de savoir si nous partageons ou non son avis sur la pandémie et sa comparaison avec la grippe. Notons seulement que ces propos ont été publiés dans un grand média belge, au lendemain de la conférence de presse, alors que le père était encore chez lui en quarantaine.

D’autres médias appartenant au même groupe de presse ont repris l’information, par exemple cet article de Sudinfo en libre-accès .

D’autres médias encore, ont repris à leur tour l’information, avec des gros titres éloquents, comme par exemple L’Avenir (voir plus haut) ou 7sur7 : «Le père de la fillette de 3 ans décédée: “Ce n’est pas le coronavirus qui l’a tuée, il l’a accompagnée”».

Quand mi-dire est maux-dire

Faisons une pause, remontons au début du présent article, repensons à la séquence du film elle-même. Tout spectateur qui regarde ce film sans être au courant de ce que nous venons de voir retiendra que c’est le réalisateur qui a «sorti» l’information, qui est allé chercher ce père. Pourtant nous voyons ici que le père de l’enfant avait été interviewé par un grand média belge francophone, interview dont des extraits avaient été repris par d’autres « médias mainstream ». Mais si l’on écoute attentivement l’extrait de film, JAMAIS le réalisateur ne prétend avoir «sorti» lui-même l’information. JAMAIS il ne nie que d’autres journalistes avaient donné la parole à ce père dès le lendemain de la conférence de presse. De même, JAMAIS il ne dit EXPLICITEMENT que les médias ont passé sous silence les comorbidités de l’enfant.

Nous sommes alors à même de mieux comprendre pourquoi tant de critiques ont abordé ce film en insistant sur l’utilisation de sous-entendus. La RTBF, qui s’était livré à une sorte de «fact-checking» (sans prétention d’exhaustivité),  titrait : « »Ceci n’est pas un complot » : au-delà de certains sous-entendus, quels sont les faits ?»

Revenons au traitement médiatique de cette affaire. Nous avons vu plus haut un titre tiré du site de RTL. Voici un  extrait du JT du soir de cette chaîne . Soit, le jour-même, à une heure de grande écoute, les téléspectateurs ont eu accès à ces précisions quant à la comorbidité de l’enfant.

Déjà au JT de 13h (soit 2 heures après la conférence de presse), RTL  diffusait l’interview  d’un autre porte-parole du centre de crise, le francophone Yves van Laethem, alors en quarantaine.

Le lien est ici, et chacun peut aller (le réalisateur aurait pu…) consulter le « site mainstream », regarder les images et lire l’article consacré, dont voici un extrait :

«Les personnes jeunes qui meurent du coronavirus ont souvent un autre autre problème de santé (comorbidité). C’était le cas des trois jeunes de moins de 20 ans morts dans notre pays. « Ces jeunes personnes avaient une comorbidité et étaient donc plus fragiles. Ce décès renforce la nécessité de tous collaborer à l’effort de groupe et à participer à la protection des plus faibles qui parfois sont des personnes jeunes », a expliqué monsieur van Laethem. Les troubles pré-existants les plus fréquents parmi les personnes décédées du coronavirus sont des problèmes cardiaques ou respiratoires, du diabète et de l’hypertension.»

Nous y trouvons également ce graphique, qui montre bien le caractère très rare des décès en dessous de 25 ans.

 

Mais le réalisateur n’a pas cité RTL, se contentant de montrer une image furtive d’un journaliste arborant le logo de la chaîne.

Et la RTBF, le service public ? Sur leur site, nous trouvons un article, daté du 24 juillet, intitulé : «Une fillette de 3 ans parmi les récents décès liés au Covid-19 en Belgique, « cela doit servir de prise de conscience » pour le Centre de crise». On peut lire ceci, une déclaration attribuée à Boudewijn Catry :
« Bien que l’augmentation affecte toutes les tranches d’âge, elle est plus prononcée dans la population active (moins de 60 ans), a communiqué Sciensano. Ils représentent 85% de l’ensemble des cas diagnostiqués cette dernière semaine. Nous déplorons également le décès d’une fille de 3 ans. Elle était confirmée au COVID-19 par test de laboratoire et présentait des comorbidités sévères. Il faut espérer que cette triste nouvelle nous serve de prise de conscience. Il est, en effet, rare qu’une jeune personne décède du coronavirus mais il est clair que personne n’est immunisé. »

Ce texte semble confus, comme si les journalistes avaient mélangé les propos du porte-parole cité (que l’on voit à la conférence de presse,) et Yves van Laethem, qui s’était exprimé depuis sa quarantaine (voir plus haut). Il n’y avait en effet pas eu de mention des comorbidités dans le cadre de la conférence de presse elle-même.

Plus bas dans le texte, on lit ceci :
«A la fin mars, le décès d’une jeune fille de 12 ans avait été annoncé par un Emmanuel André très ému. « C’est un événement très rare et qui nous bouleverse », avait-il commenté.
Une jeune fille de 18 ans est également décédée il y a une dizaine de jours dans un hôpital bruxellois des suites du Covid-19.
Les décès liés au Covid de personnes jeunes restent exceptionnels, et il est souvent en lien avec d’autres facteurs. Mais il est possible comme le rappelle ce tragique exemple.»

Un autre article daté du même jour, consultable sur le site de la RTBF, est intitulé : «Le Centre de Crise est clair : « Les couvre-bouches ne protègent pas contre la contamination »». Cet article revient, entre autres, sur le décès de l’enfant, en citant les paroles de Boudewijn Catry, sans qu’il ne soit fait mentions des comorbidités.

Plus haut nous avions mentionné DH Sports et leur titre « Des enfants sont décédés avec le Covid-19, mais pas de cette pathologie ». Cet article, payant, a été publié également dans La Libre – encore un « médias mainstream » et reprend  une interview du Pr Stéphane Maniotte. Extrait :

«Très clairement, il s’agit du cas bien particulier d’un enfant avec de graves comorbidités, comme le spécialiste nous l’a expliqué.

Q : Que peut-on dire du contexte de ce décès ?

R : Le message important est que le jeune enfant décédé n’est pas un enfant lambda de trois ans qui a attrapé cette infection au Covid-19 et qui en est mort. Il s’agit en effet d’un jeune enfant qui avait d’autres prédispositions médicales très sévères, que l’on appelle des comorbidités. En l’occurrence une situation d’insuffisance respiratoire importante qui justifiait déjà depuis longtemps un support respiratoire, y compris à domicile. Dans ce contexte, ayant peu de réserves, il était évidemment très fragilisé. À la faveur de cette infection, qui n’a probablement pas été le seul élément déterminant puisque cette fillette a aussi eu une septicémie, elle a malheureusement succombé.
Le virus a été la goutte de trop qui a fait déborder un vase déjà fort rempli…

Q : Il faut donc tenir compte de tout ce contexte, très important dans la compréhension de ce qui s’est passé…

R : Absolument. Il faut savoir que cela n’arrive pas du tout comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu, avec un petit enfant qui décède d’une infection gravissime par ce nouveau virus. Ce n’est pas du tout ce type d’histoire, même si la mort d’un jeune enfant est toujours dramatique. Ce n’est pas un enfant parmi d’autres mais, répétons-le, une petite fille déjà très fragile de longue date, bien avant la pandémie.»

Le Pr Stéphane Moniotte, également interviewé au JT du soir sur RTL, tient des propos comparables. Il est présenté comme membre de la «Task Force Pédiatrique». Il ne s’agit pas là d’un organisme officiel, mais d’un collectif de médecins qui a notamment milité pour que les enfants continuent à aller à l’école pendant l’épidémie et proposaient de faire des enfants des «superprotecteurs», les laissant se contaminer, et donc s’immuniser naturellement. Nous n’entrons pas ici dans ce débat de fond. Mais nous insistons sur le fait que ce médecin avait été interviewé à l’époque dans des « médias mainstream »  pour y dire que, selon lui, l’enfant était décédée avec le Covid, plutôt que du Covid.

La Libre et DH Sports avaient publié un autre article, juste après la conférence de presse, intitulé : «Les experts déplorent le décès d’une fillette de 3 ans: « En espérant que cette triste nouvelle nous serve de prise de conscience »». Le texte ne mentionne pas l’existence de comorbidités.

Nous n’allons pas faire un inventaire exhaustif de tous les médias francophones de Belgique ou d’ailleurs. Beaucoup de médias ont effectivement publié des gros titres évoquant le décès d’un enfant et n’ont mentionné la présence des comorbidités que dans le chapeau ou le corps de l’article.

 

Dans d’autres articles, les comorbidités ne sont pas mentionnées. C’est le cas, par exemple, du premier article publié par La Libre et DH Sports, comme mentionné plus haut. C’est aussi le cas du site 7sur7, site qui était ensuite revenu sur l’affaire pour évoquer l’interview du père publiée dans certains journaux.

Certains médias ont traité cette information sans mentionner les comorbidités de l’enfant. C’est le cas de Le Soir qui n’est jamais revenu sur l’affaire, laissant tel quel un article titrant sur la mort de l’enfant mais rappelant que de tels décès sont rares.

Le réalisateur revient plus loin dans le film, sur la couverture du Soir.

Dans cette 2ème séquence, il insiste sur le fait que ce média n’avait jamais mentionné les comorbidités de l’enfant. Sauf que, là non plus, le réalisateur n’a pas jugé utile de rappeler que d’autres « médias mainstream » avaient eux mentionné ces comorbidités, en en faisant parfois des gros titres…

 

Quelles conclusions ?

Pour conclure attardons-nous à deux types de propos, fréquemment évoqués pour défendre le film : Tout au plus, il n’y aurait quelques «inexactitudes» mais de toute façon le film poserait de «bonnes questions».

Peut-on parler d’«inexactitudes» ? ou, comme on l’a également lu, il n’y aurait qu’«une certaine prise de liberté quant à la réalité factuelle» ou de «petits arrangements allant dans le sens de la narration». Si nous regardons cette séquence, et que nous vérifions dans les archives, comme nous l’avons fait dans le présent article, de telles expressions relèvent à minima de l’euphémisme. Pour parler vrai, il faut oser évoquer «tromperie» et «manipulation». Le spectateur a été trompé ; se limiter à parler d’«inexactitudes» n’est pas défendable ici.

Ce filme pose-t-il de bonnes questions ? Il y en aurait des bonnes questions à se poser ! Pourquoi les 2 porte-paroles du Centre de Crise, Yves van Laethem et Boudewijn Catry, ont-il communiqués de manière différente quasiment en même temps, l’un depuis son lieu de quarantaine et l’autre dans le cadre de la conférence de presse ? N’aurait-on pas dû se soucier de l’avis de la famille avant de communiquer de la sorte sur cette affaire ? Pourquoi un journal tel que Le Soir n’a pas jugé utile de rectifier son article ou de publier un complément ? Dans quelles circonstances s’est faite l’interview du père par les journalistes de Sud Média ? Etc. Et cette affaire pourrait être l’occasion de traiter certaines thématiques : l’attente d’une 2ème vague en été 2020, le fonctionnement de ce Centre de Crise, le sensationnalisme dans les médias (avec des gros titres souvent accrocheurs mais pas forcément exacts), la manière dont les médias sont informés par les autorités, etc.

Sauf que toutes ces questions, le film ne les aborde justement pas. Si ça avait été le cas, la thèse insinuée par le réalisateur ne serait pas apparue comme crédible : «J’ai de plus en plus l’impression que toute cette communication a pour objectif de maintenir la peur.» Par exemple, dans quelles circonstances s’est faite l’interview du père par les journalistes de Sud Média ? La famille a-t-elle cherché à contacter les médias ? Ou les journalistes en ont-ils pris l’initiative ? Mais comment le réalisateur aurait-il pu aborder ces questions, sans rappeler que, oui, divers « médias mainstream »avaient publié la version du père à l’époque, avec gros titres à l’appui ? Nous remarquons par ailleurs que, dans le film, nous n’entendons pas les questions posées à ce père, nous entendons juste une partie des réponses qu’il donne. Le réalisateur et le père ont-il parlé de cette interview accordée aux médias en juillet 2020 ?

Bref, non, ce film ne pose pas de bonnes questions et c’est particulièrement flagrant dans cette séquence. La seule chose que nous pouvons en tirer, c’est un exercice de fact-checking et une illustration sur l’art de manipuler les spectateurs… Ce que, précisément, le réalisateur reproche aux médias dits «mainstream» !

Grompf